Le 27 février 2015, le corps sans vie de Mlle Maureen Jacquier est retrouvé par sa famille à l’intérieur de son appartement, dans sa chambre situé rue Tricou, à Toulouse. Après une autopsie, de multiples plaies, pour certaines très profondes, ont été découvertes, provoquées par l’utilisation d’une arme blanche. Selon les médecins légiste, la victime serait morte dans la nuit du 26 au 27 février 2015 Aucune constatation de violences sexuelles. Au vu des blessures subies, l’arme utilisée serait un couteau de type cuisine à lame d’environ 15 cm. Trois plaies à l'aorte sont découvertes, sûrement responsables de la mort de Mlle Jacquier. Les analyses toxicologiques se révéleront négatives. Quelque temps avant les faits, Mlle Jacquier entretenait une relation amoureuse avec M. Guillaume Desseix, relation à laquelle elle a mis un terme, avant de revenir auprès de lui après plusieurs autres relations plus ou moins longues.
Sur les lieux du crime, un seul jeu de clés sur les trois existant est retrouvé par les enquêteurs. La victime ne faisait part d’aucun problème particulier dans sa vie à ses amis ou à sa famille. Ses proches, plusieurs de ses amis ainsi que ses anciens compagnons sont auditionnés. Au cours des investigations, un rebondissement apparaît : dans le média « Actu Côté Toulouse », une auto-dénonciation est mise en ligne. L’auteur déclare avoir poignardé la victime après qu’elle lui ait manqué de respect alors qu’il lui faisait part de ses sentiments. Il s’est révélé que le soit disant auteur présumé du meurtre était une femme placée sous tutelle, n’ayant en aucun cas pris part à cette affaire.
Des traces ADN et de sperme sont retrouvés sur la couette et sur une serviette qui se trouvait dans la salle de bain. Le 6 juin 2015, Sylvain Boulais, un collègue de travail de la victime, est auditionné par les enquêteurs comme simple témoin. Il déclare être un ami d’un des ex petits amis de Mlle Jacquier, que ses relations avec la victime étaient purement amicales. Le 8 juin, sois deux jours après l’audition de M. Boulais, le laboratoire de recherches d’ADN (LIPS) faisait la lumière sur le profit génétique masculin du prélèvement de sperme effectué sur la serviette : il correspondait à Sylvain Boulais. Les enquêteurs ont également retrouvé ce même sperme sur la housse de couette, dans une tache de sang « fraîche » de la victime. Ils ont également découvert une lampe frontale portant les mêmes traces de sang et de sperme que sur la housse de couette.
Des recherches téléphoniques sur la ligne de M. Boulais sont alors lancées. Mais après bornage, ce dernier n’était plus localisable le 27 février 2015 entre 2:15 et 3:55. Il est à noter que le dernier contact effectif avec le portable de Mlle Jacquier avait eu lieu en octobre 2014, appel émis du portable de Sylvain Boulais d’une durée de 21 minutes. Lors des perquisitions effectuées au domicile du suspect ainsi que dans son véhicule, les enquêteurs mettent la main sur un poignard, deux couteaux à lame repliables, des magazines pour collectionneurs de couteaux, une machette et un taser. Des chaussures lui appartenant sont saisies à son domicile, et après examen, se sont avérés positives au révélateur de sang Bluestar sous la semelle.
Placé en garde à vue, il confirme ses premières déclarations, en l'occurrence être sorti du travail, avoir rejoint des amis dans un bar à Colomiers, avoir beaucoup bu, s’être arrêté sur un parking, s’être endormi avant de rentrer à son domicile et avoir rejoint sa compagne dans la chambre. Cependant, sa version change concernant ses relations avec la victime : il explique aux enquêteurs avoir tenté une approche auprès de la victime durant d’été 2014, et avoir réitéré en septembre et décembre 2014. Il reconnaît également avoir eu plusieurs aventures extra-conjugales. Lors de sa seconde audition, il revient une nouvelle fois sur ses précédentes déclarations en expliquant avoir eu une relation sexuelle avec Maureen Jacquier au cours de l’été 2014 et n’avoir plus eu de relations particulières avec elle par la suite. Pour appuyer ses déclarations et celles de certains de ses amis le décrivant comme un « accro au sexe », il avoue avoir déjà eu recours à des prostituées et des escorts. Il admet son intérêt pour les armes et affirme reconnaître, sur des photos présentées par les enquêteurs, la lampe frontale trouvée chez la victime comme étant la sienne, qu’il aurait oubliée lors de sa venue durant l’été 2014. Cependant, tous les proches de Mlle Jacquier déclarent n’avoir jamais vu cette lampe entre la venue de Sylvain et le meurtre. M. Boulais ne peut cependant pas expliquer la présence de son ADN sur la serviette. Lors de sa dernière audition, il admet avoir enjambé à plusieurs reprises le portillon du jardin de la victime et connaître le code d’entrée de son immeuble.
Il est mis en examen pour homicide volontaire. Plus tard, il finit par expliquer la trace d’ADN sur la serviette : il déclare aux enquêteurs que lors de son rapport avec la victime au cours de l’été 2014, il s’est essuyé sur la dite serviette. Ce que les enquêteurs ne croient pas : la famille et les amis de Maureen Jacquier la décrivent comme une jeune femme propre et la trace de sperme retrouvée dans la tache de sang ne joue pas en sa faveur. Certains des collègues de travail de Sylvain Boulais déclare l’avoir vu avec un bandage au bras quelques temps après le crime, ce à quoi l’accusé avait répondu avoir subi des griffures de chat. La compagne de M.Boulais est elle aussi placée en garde à vue le 29 novembre 2016. Elle déclare lors de son audition ne pas se rappeler des faits lors de la venue de son compagnon dans le lit conjugal, mais que le seul détail qui l’ait marqué serait la lessive faite par son compagnon aussi tard.
Au cours de l’instruction, la Défense a mis en évidence l’incertitude quant au moment exact de la mort de la jeune femme, eu égard aux témoignages du voisinage et de la constatation de la rigidité du corps. Elle indique également que la victime aurait pu ouvrir à son agresseur, ou que ce dernier aurait pu passer par le volet laissé habituellement ouvert. Tout indique une agression nocturne, d’après la Défense. Les ADN de tous les proches, collègues et ex amants de la victime ont été prélevés, mais le seul apparaissant positif dans la procédure reste celui de M. Boulais, qui s’est mélangé à une tache de sang de la défunte. Aucun des couteaux retrouvés au domicile de l’auteur présumé des faits ne supporte de traces de sang de Mlle Jacquier. La compagne du mise en cause, ancienne amie de la victime, a possédé pendant un certain temps, un jeu de clés de l’appartement de la jeune femme. M. Sylvain Boulais ne reconnaît en aucune façon les faits qui lui sont reprochés et en parle avec les enquêteurs sans aucune manifestation d’émotion ou de compassion. Il est finalement mis en accusation devant la Cour d’Assisse pour « avoir volontairement donné la mort » à Mlle Maureen Jacquier.
Maëva & Co
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